Bordeaux : les bâtonnières de Bordeaux et Libourne dénoncent les conditions de vie et de travail du centre de rétention administratif

Publié : 16 mars 2023 à 15h13 par Élodie Quesnel

L'une des salles du Centre de rétention du Commissariat central de Bordeaux

Crédit : Barreau de Bordeaux

A l'occasion de la Journée nationale de visite des lieux de privation de liberté, le mercredi 15 mars, les bâtonnières des Barreaux de Bordeaux et Libourne se sont rendues dans le Centre de rétention administratif de Bordeaux et à la maison d'arrêt de Gradignan pour constater les conditions de vie et de travail à l'intérieur des murs.

Indécentes. C'est de cette manière que les bâtonnières de Bordeaux et Libourne, Christine Maze et Elodie Fourmon-Leclercq ont qualifié les conditions de vie des personnes retenues au Centre de rétention administratif de Bordeaux mais aussi du personnel qui y travaillent. Une visite dans le cadre de la Journée d'action nationale de visite des lieux de privation de liberté, ce mercredi 15 mars.


Une demande de fermeture du CRA de Bordeaux


Les deux bâtonnières ont rendu une visite inopinée au CRA de Bordeaux, situé dans le sous sol du Commissariat central, ce mercredi 15 mars, au matin. "Ça a été une visite incroyable, mais pas dans le bon sens du terme", commence Christine Maze, bâtonnière au Barreau de Bordeaux. "Nous avons été extrêmement choquées par ce que nous avons pu voir", poursuit Elodie Fourmon-Leclerq, bâtonnière au Barreau de Libourne. "Les personnes retenues dans ce centre sont des personnes étrangères qui ne sont pas en règle sur le territoire à cause de leur papier. Et les conditions dans lesquelles elles sont retenus pendant plusieurs jours sont inacceptables. Il n'y a pas de fenêtres donc pas de lumières du jour. La cour, à laquelle ils ont accès, est entourée de murs. Ils ont du mal à voir le ciel. Donc c'est très dur à vivre psychologiquement. Je pense qu'à notre époque, nous pourrions trouver un autre moyen de retenir des personnes qui ont un problème de papiers, que dans ces conditions."


Sans parler du personnel qui lui aussi passe pas moins de 12 heures dans ce sous-sol sans voir la lumière du jour. "Certains nous ont indiqué qu'ils avaient fait une demande de mutation vers un autre service."


Les deux bâtonnières vont faire un rapport à leur hiérarchie ainsi qu'au tribunal administratif. Ce dernier aura le choix d'ouvrir une enquête. "Nous allons aussi demander la fermeture du CRA."

La cour du Centre de rétention administratif de Bordeaux

Crédit : Barreau de Bordeaux

Au Centre pénitentiaire Bordeaux-Gradignan encore des points sensibles


En octobre dernier, le Tribunal administratif de Bordeaux, saisi par le Barreau de Bordeaux avait ordonné à l'administration du Centre pénitentiaire de Gradignan de prendre plusieurs mesures d'urgence pour garantir conditions sanitaires et droit à la santé. Quelques mois plus tard, qu'en est-il ?


"Nous avons réalisé quelques jours avant le CRA, une visite inopinée à la maison d'arrêt de Gradignan. On a pu constater de vrais améliorations comme des changements de fenêtres ou encore de lits cassés. Mais il reste encore un point noir : celui de l'accès à la santé avec les extractions médicales. Un grand nombre d'extraction ne se font pas toutes, car le personnel qui doit s'en occuper ne peut pas le faire car ils sont occupés à d'autres tâches."


Là encore, un rapport sera rendu. "On va essayer d'aller au bout du bout pour que les mesures soient appliquées."

Une cellule de la Maison d'arrêt de Gradignan

Crédit : Barreau de Bordeaux