Le gouvernement de Michel Barnier renversé par une motion de censure
Publié : 4 décembre 2024 à 20h28 par Étienne Escuer
Le gouvernement de Michel Barnier a été renversé ce mercredi 4 décembre par une motion de censure.
Une cinquantaine de jours pour être nommé, et à peine plus pour être renversé : après seulement 90 jours d’exercice du pouvoir, le gouvernement de Michel Barnier est tombé, ce mercredi 4 décembre. L’Assemblée nationale a adopté la première des deux motions de censure déposées lundi 2 décembre après l’utilisation par l’exécutif de l’article 49-3, qui engageait la responsabilité du gouvernement pour faire adopter le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2025 sans vote sur le texte.
Le gouvernement le plus éphémère de la Cinquième République
Deux motions de censure avaient été déposées, l’une par le Nouveau Front Populaire, l’autre par le Rassemblement National. Les deux ont été débattues à partir de 16h dans l’hémicycle, avant que la première ne soit soumise au vote. 331 députés se sont prononcés en faveur de la chute du gouvernement, dépassant ainsi le seuil de 288 requis. Le gouvernement de Michel Barnier devient ainsi le plus éphémère de la Cinquième République. Ce « record » était jusque-là détenu par le gouvernement de Bernard Cazeneuve, qui exerça le pouvoir 159 jours à la fin du mandat de François Hollande en 2017.
C’est la première fois qu’un gouvernement est renversé sous la Cinquième République après avoir lui-même engagé sa responsabilité, mais la deuxième en comptant les motions de censure spontanées. En 1962, les députés avaient à l’époque choisi de faire tomber le gouvernement de Georges Pompidou, pour s’opposer au projet de référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel. Le chef de l’Etat de l’époque, Charles de Gaulle, avait alors décidé en réponse de dissoudre l’Assemblée nationale, provoquant des élections législatives anticipées. Après la victoire de son camp, Charles de Gaulle avait renommé Georges Pompidou Premier ministre.
Quel gouvernement désormais ?
Emmanuel Macron ne pourra quant à lui pas dissoudre l’Assemblée nationale, puisque la Constitution impose un délai d’un an entre deux dissolutions. En revanche, rien ne l’empêche, à part le risque d’une nouvelle censure dans les semaines à venir, de renommer Michel Barnier. Plusieurs options semblent se présenter aujourd’hui à lui : nommer de nouveau un Premier ministre du bloc de centre-droit mieux à même d’obtenir le soutien du Rassemblement National (le nom du ministre des Armées Sébastien Lecornu est évoqué), se tourner vers la gauche pour construire une nouvelle majorité, ou opter pour un gouvernement technique jusqu’à une prochaine dissolution. Réclamée par une partie des oppositions, une démission d’Emmanuel Macron relève de la « politique fiction », a assuré le chef de l’Etat.
Aucun délai n’est fixé par la Constitution pour nommer un nouveau Premier ministre. Le temps presse cependant, puisque les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale doivent être adopté avant le 31 décembre. Avec la censure du gouvernement, le projet de loi de finances de la sécurité sociale est en effet considéré comme rejeté.