Santé mentale : et si vous deveniez secouriste en santé mentale ?

10 octobre 2024 à 8h00 par Élodie Quesnel

Les Premiers Secours en santé mentale existent depuis 2019

Crédit : Pixabay

Ce jeudi 10 octobre 2024 marque la journée mondiale de la Santé mentale. Avec le confinement en 2020 suite à la crise du Covid 19, la santé mentale des français notamment chez les jeunes, n'a cessé de se dégrader. Et pour tenter d'éradiquer le mal à la racine, certains ont décidé de suivre une formation de Premiers Secours en Santé Mentale.

Anxiété, dépression voir pensées suicidaires. La santé mentale des français n'est pas au beau fixe depuis la crise du Covid-19. Elle ne cesse de se dégrader et notamment chez les jeunes. Si le gouvernement a mis en place certains dispositifs notamment pour faciliter l'accès à des séances chez les psychologues, il est parfois encore difficile de pousser la porte du cabinet d'un tel professionnel. Depuis 2019, l'association Premiers Secours en Santé Mentale France propose de former des secouristes pour encourager à consulter.


Une initiative venue d'Australie


C'est au début des années 2000 que l'Australie met en place sa formation en Premiers Secours en Santé Mentale. Il faudra attendre presque 20 ans pour que l'idée soit reprise en France. Comme pour les premiers secours lors d'un accident, l'idée est d'être le premier contact avec la personne en souffrance et l'accompagner jusqu'à un professionnel.


La formation dure deux jours (14 heures en tout) et est structurée autours de six lettres qui forme le mot AERER, comme nous l'explique Muriel Vidalin, présidente de l'association Premiers Secours en Santé Mentale France. "Nous ne sommes pas médecin ou psychologue. Notre rôle est d'accompagner les personnes qui pourraient être en souffrance psychique vers ces professionnels sans pour autant prendre leur place. On utilise pour ça le mot AERER. A comme approcher, mais approcher naturellement, E pour écouter mais bien entendu sans juger, R comme réconforter et dire à la personne qu'elle n'est pas seule, E comme encourager à aller voir un spécialiste. Et puis R comme renseigner, c'est-à-dire donner toutes les pistes . On est des passeurs. Tout le monde est concerné. vous pouvez être le premier en tant que membre de la famille, ami ou même collègue à détecter les signaux faibles comme le repli sur soi même, un changement d'attitude, une forme de tristesse.


Muriel Vidalin pense aussi que la formation en masse aux Premiers secours en santé mentale peut avoir pour conséquence de stopper la stigmatisation autour des souffrances psychiques. 


Des interventions régulières dans le milieu étudiant 


Louis, 21 ans, étudiant en droit à l'Université de Bordeaux n'a pas hésité une seule seconde lorsqu'il a su qu'il pouvait suivre cette formation proposée par la fac. "Lorsque j'avais 11 ans, j'avais aidé un ami avec qui j'étais en colonie de vacances et qui en rentrant chez lui avait eu des idées noires, des idées suicidaires. J'avais beaucoup parlé avec lui pour éviter qu'il passe à l'acte."


Aujourd'hui, Louis utilise régulièrement ce qu'il a appris en formation de Premiers secours en santé mentale. "J'interviens minimum une fois par mois quand les temps sont tranquilles malheureusement. Lorsque je suis en soirée, il m'arrive de nouer un lien avec deux à trois personnes qui ne vont pas bien. Et puis chaque semaine, on a au moins un ami qui ne va pas très très bien. Alors, il n'est pas forcément dans une situation grave mais c'est le pas très qrave qui petit à petit prend de l'ampleur."


Louis doit faire face à des situations pas toujours simple qui peuvent avoir une répercution sur sa propre santé mentale. "C'est pour ça que l'on se "décharge" auprès de nos camarades secouristes pour permettre de faire ressortir tout ça."


Une formation coûte 250 euros pour deux jours. Les entreprises peuvent la prendre à leur charge pour leurs employés. Plus de 6000 personnes ont, par exemple, été formée à l'Université de Bordeaux. L'association Premiers Secours en Santé mentale France a pour objectif de former plus de 700 000 secouristes à l'horizon 2030 sur tout le territoire français