Incendie de Notre-Dame : cette entreprise de Dordogne restaure la cathédrale
12 avril 2022 à 17h54 par Clara Echarri
Vendredi 15 avril 2022 marquera les trois ans de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame. L'entreprise Socra, qui s'est chargée de la restauration des statues de la flèche, travaille actuellement sur d'autres éléments de cet immense chantier.
Le 15 avril 2019, la cathédrale de Notre-Dame était ravagée par un terrible incendie. Le toit, la charpente (appelée "forêt") et la flèche de l'édifice étaient détruits par les flammes. Trois ans après le sinistre, le travail de reconstruction continue. Maintenant que l'immense échaffaudage a été démonté et que la cathédrale a été sécurisée, l'heure est à la restauration.
Et parmi les entreprises qui ont remporté plusieurs appels d'offres sur le chantier, il y a Socra. Basée en Dordogne, la Société nouvelle de conservation et de restauration archéologique s'est d'abord chargée des statues de la flèche de Viollet-le-Duc. Celle-ci était en travaux au moment de l'incendie (une enquête est toujours en cours concernant les causes du départ de feu). Par chance, les statues avaient été déboulonnées quatre jours avant le sinistre, le 11 avril. Leur restauration était déjà prévue à la Socra.
"On a été assez chamboulés" explique Richard Boyer, son directeur général. "J'étais à Paris le soir de l'incendie, je me suis tout de suite rendu sur place pour aider". La Socra faisait partie des entreprises déjà employées à Notre-Dame : son aide a été logiquement sollicitée pour la sécurisation puis restauration de l'édifice. "On ne pouvait pas abandonner la cathédrale comme ça. On s'est tout de suite mobilisés pour sécuriser les parties qui menaçaient de s'effondrer, et on continue à participer à l'effort de reconstruction".
Travail permanent
Depuis, les équipes parisiennes de Socra continuent de travailler sur le chantier : elles ont d'abord dépoussiéré et dépollué l'intérieur de la cathédrale, qui était notamment contaminé par le plomb fondu, issu de la destruction de la flèche. Une surface de 35 000 mètres carrés ! "Ensuite, on s'est occupés du déménagement de tout le mobilier présent dans les salles annexes de la catédrale" (sacristie et parties non visibles des visiteurs entre autres).
Socra s'est aussi chargée de la restauration test d'une chappelle intérieure. "Des restaurateurs ont été sélectionnés pour réaliser une sorte de chantier grandeur nature, pour permettre la rédaction d'un protocole de restauration". Un protocole qui devra être suivi par les autres entreprises chargées du reste de la restauration. Et sur cette phase test, "on s'est occupés de la partie sculpture et du dessalement de toutes les voutes" explique Richard Boyer.
Par dessalement, on entend ici l'opération d'enlever les sels qui peuvent endommager la pierre et accélérer sa dégradation. L'eau utilisée pour éteindre l'incendie et les changements de températures lors du sinistre ont en effet provoqué la cristalisation de ces sels. Il faut donc essayer de les retirer, avec des sortes de compresses absorbantes. Ce travail est actuellement en cours de finalisation.
Sol et sculptures
Le chantier fonctionne par appel d'offre, et Socra y répond régulièrement. Richard Boyer détaille : "nous sommes retenus pour la restauration du sol en marqueterie de marbre pour le coeur de la cathédrale : nous allons travailler là-dessus l'année prochaine. Nous avons également été retenus pour la restauration des sculptures de la sacristie intérieure, et on continue à repondre à d'autres appels d'offres".
Les statues, elles, sont retournées à Paris. Leur sauvetage et restauration à l'identique, avec leur patine brune d'origine, ont joué un rôle important dans la décision vis-à-vis de la flèche elle-même. "L'architecte est venu à l'atelier quatre ou cinq mois après l'incendie, et ça lui a donné un coup de boost. Il a pu voir que la flèche n'avait pas totalement disparu. Cela nous a permis de militer pour une reconstruction de la flèche à l'identique. Les statues étaient sauvées, on ne pouvait pas imaginer qu'elles soient reposées ailleurs ou dans un autre contexte" précise le directeur général.
Le président de la République a annoncé la réouverture de Notre-Dame pour 2024. Une échéance "raisonnable" pour Richard Boyer : "les travaux ne seront pas finis, mais on sait travailler dans des édifices ouverts au public". Rendez-vous dans deux ans.