Féminicide de Mérignac : l'accusé condamné à la réclusion criminelle à perpétuité
Publié : 28 mars 2025 à 19h00 par Diane Charbonnel
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Mounir Boutaa a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sureté de 22 ans par la cour d'assises de la Gironde ce vendredi. Il avait, en mai 2021, tiré deux balles dans les jambes de sa femme avant de la brûler vive en pleine rue à Mérignac devant chez elle. Ce féminicide a ému la France entière, marqué par une série de défaillances de la part des services de police.
Après cinq heures de délibéré, la cour d'assises de la Gironde a rendu son verdict. Mounir Boutaa a été reconnu coupable de l'assassinat de sa femme et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sureté de 22 ans, suivant ainsi les réquisitions du parquet.
Cette période de sureté implique le fait que le condamné ne pourra pas faire de demande d'aménagement de peine avant d'avoir effectuer 22 ans de détention. La cour a reconnu l'altération du discernement au moment des faits de Mounir Boutaa mais a écarté une diminution de peine.
Le 4 mai 2021, Mounir Boutaa avait tiré une balle dans chaque jambe de sa femme avec laquelle il était en instance de divorce, puis l'avait brûlée vive en pleine rue, devant chez elle, à Mérignac. Il l'avait attendue pendant 12 heures, caché dans un utilitaire qu'il avait acheté quelques jours plus tôt pour ne pas qu'elle le reconnaisse. Un véhicule qu'il avait aménagé pour l'observer sans être vu de l'intérieur.
Avant même ce drame, Mounir Boutaa s'était montré violent et manipulateur tout au long de sa vie conjugale avec Chahinez, comme ce fut déjà le cas avec sa première femme. Des coups, des insultes, des menaces, le contrôle de leurs vêtements, de leur argent, de leurs sorties et de leurs fréquentations. Plusieurs fois Chahinez a porté plainte. Son mari a d'ailleurs été condamné pour violences conjugales quelques mois avant le drame. Il continuait à la traquer, la harceler, la menacer allant même jusqu'à la frapper alors qu'il n'avait pas interdiction de l'approcher. Malgré ses plaintes, Chahinez n'a pas été protégée.
"Une peine qui tient compte de la personnalité de l'accusé et de sa dangerosité"
L'homme a 10 jours pour faire appel de cette condamnation. À l'annonce du verdict, son avocate, Me Anaïs Divot a estimé qu'il s'agissait d'une sanction extrêment lourde "dans la mesure où il n'a quasiment aucun espoir de sortir un jour et on peut se poser la question du sens de cette peine pour une personne qui souffre de troubles psychiatriques". Les experts psychiatres ont estimé que Mounir Boutaa souffre d'un trouble de la personnalité paranoïaque. Me Divot n'a pas souhaité indiqué l'intention ou non de son client de faire appel.
Les parents de Chahinez, pour qui ces cinq jours de procès ont été, sans surprise, éprouvants se disent aujourd'hui, par la voix de leur avocat "soulagés et espèrent pouvoir regarder devant eux, même si l'accusé à la possibilité de faire appel". Selon Me Julien Plouton, "cette peine tient compte de la gravité des faits et de la personnalité de l'accusé et de sa dangerosité".
Une autre procédure attend désormais les parents de Chahinez Daoud, cette fois civile, puisqu'ils ont engagé une action en responsabilité contre l'État pour faute lourde. "Cette procédure a pour but de contribuer à la justice", explique leur avocat, pour faire en sorte que les manquements des services de police et de justice soient reconnus dans cette affaire, et "inciter les uns et les autres à réfléchir à de meilleurs procédés à adopter pour la prévention de ce type de faits". La prochaine audience aura lieu dans quelques semaines, au mois d'avril.