Blayais : la durée de vie du réacteur nucléaire prolongée jusqu'à 50 ans
25 février 2021 à 11h00 par Iris Mazzacurati
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ouvert la voie jeudi 25 février à l'allongement de la durée de vie des plus vieux réacteurs en France jusqu'à 50 ans, enjoignant EDF de réaliser des travaux pour améliorer leur sûreté. Parmi eux, la centrale du Blayais (Gironde).
Le gendarme du nucléaire a publié une décision, qui était attendue, portant sur les 32 réacteurs de 900 MW, les plus anciens du parc français, mis en service pour l'essentiel dans les années 1980.
L'ASN a fixé dans ce texte les conditions pour qu'ils puissent fonctionner au-delà de leur quatrième "réexamen périodique", qui a lieu tous les dix ans, donc au-delà de leur 40e anniversaire.
L'ASN prescrit "la réalisation des améliorations majeures de la sûreté prévues par EDF, ainsi que des dispositions supplémentaires qu’elle considère comme nécessaires", précise-t-elle.
EDF devra ainsi réaliser une série de tests et de travaux pour améliorer la sûreté de ses réacteurs. Des améliorations sont notamment prévues pour que la radioactivité reste confinée à l'intérieur de l'enceinte en cas d'accident. Enfin, un dernier volet porte sur "le renforcement au niveau de la piscine d'entreposage des combustibles usés", a indiqué Julien Collet.
Des vieilles dames surveillées de près
Les réacteurs français avaient été autorisés à l'origine sans limitation de durée de fonctionnement, mais EDF avait initialement envisagé une durée de vie de 40 ans.
Outre Blayais, les centrales concernées en France sont les plus anciennes : Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent (Loir-et-Cher) et Tricastin (Drôme). Certains réacteurs, mis en service au tournant des années 1980, ont dans les faits déjà passé le cap des 40 ans.
La mise en œuvre des améliorations prévues va maintenant s'étaler sur des années. L'ASN demande à EDF de faire un point -rendu public- chaque année.
EDF s'est engagé dans un vaste programme de travaux sur l'ensemble du parc, nommé "grand carénage", destiné à améliorer sa sûreté et prolonger sa vie. Il est estimé à 49,4 milliards d'euros sur 2014-2025.
Les opposants au nucléaire réclament pour leur part depuis longtemps une fermeture des centrales anciennes, comme cela avait été décidé pour la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la doyenne arrêtée l'an dernier.
"Les centrales nucléaires françaises en activité ont été conçues pour fonctionner entre 30 et 40 ans. Au-delà, les réacteurs nucléaires entrent dans une phase de vieillissement inconnue", estime Greenpeace. L'ONG demande de "préparer les prochaines fermetures".
Le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, a reconnu dans un entretien à Ouest France "des points de faiblesse sur l'état des matériels importants pour la sûreté" mais aussi des "améliorations".
(Avec AFP)